lundi 14 janvier 2013

Et alors, ton accouchement?

Quand on me pose cette question, je me demande quoi répondre.
En général je reste vague, surtout pour les nullipares afin de ne pas les traumatiser. Pour les femmes que je connais, je suis un peu plus explicite.

J'avoue que ce n'était pas l'accouchement dont je rêvais et il m'a quelque peu traumatisé. Disons que je l'ai mal vécu et que, pour moi, ça a été un échec sur toute la ligne.

J'ai hésité à le mettre sur mon blog, pour ne pas effrayer celles qui n'ont pas encore eu d'enfant. Mais j'ai besoin d'en parler, de dire ce que j'ai ressentit, de me "libérer" de tout ça.

J'ai eu ma dernière visite chez la gynécologue le 22 octobre 2012 (pfiou, ça fait déjà loin!). Mini-Louve ne voulait toujours pas sortir (malgré qu'elle soit bien basse), bien au chaud dans mon gros ventre, mais tout allait bien, aucun soucis de placenta, de liquide amniotique ou de bébé. Mais comme le terme se rapprochait (c'était prévus pour le 24 octobre), elle m'a prescrit une surveillance toute les 48h pour voir où tout ça en était. Et, tant qu'à faire, autant commencer aujourd'hui.
Donc me voilà dans la salle d'observation (après avoir patienté plus d'une heure et demis) avec un monitoring. 45 minutes plus tard, on revient me chercher. Tout va bien, la puce est en pleine forme. Rendez-vous donc le 24.

Le 23 octobre ma belle-mère débarquait sur Lyon pour voir Mini-Louve. C'était prévus de longue date mais j'avoue que ça m'a un peu emmerdé. Bref.

Donc je retourne à la maternité (avec ma belle-mère (yipiii...) parce que le Loup bossait) le 24 octobre. Après une courte attente où ma belle-mère me disait qu'elle allait rester ici (dans la salle d'attente donc) si jamais j'accouchais parce qu'elle se voyait pas rester à l'appartement à tourner en rond, même si ça devait durer 16 heures ou plus (j'ai pris peur d'un coup, je vous avourais), j'ai le droit à un long monitoring, à une prise de tension et une analyse d'urine. Quand j'ai annoncé que mon terme était pour aujourd'hui, la sage-femme est allée téléphoner à ma gynéco pour savoir ce qu'on faisait. Résultat :
"Vous allez revenir ici ce soir avec toute vos affaires et on va vous déclencher.
-Hein? Pourquoi?
-Votre gynécologue m'a dit qu'attendre un jour de plus ne servirait à rien et que ça ferait pas venir le travail, donc on vous déclenche.
-Euh... Ok
-Il faudrait que vous soyez là pour 22h."

J'avoue que je ne m'attendais pas à ça. Je suis restée sous le choc un moment, sans pouvoir questionner sur le  pourquoi du comment, sans aucune pensée. On est rentrée à l'appartement, moi dans un état second, ma belle-mère qui me disait que c'était mieux ainsi. Et puis une idée tenace (et qui n'est pas encore partie) a germé dans mon esprit tordus : je ne suis pas capable de donner naissance à ma fille toute seule.
Cette idée ne m'a pas lâché d'une semelle. Je n'avais qu'une envie, c'était de pleurer, de me rouler en boule sous la couette et de ne plus en bouger. Mais il y avait la mère du Loup, alors j'ai pris sur moi, comme avant. Mais ça m'a rongé, je m'en suis voulus et impossible d'exprimer quoique se soit. Alors j'ai tout gardé pour moi, tout au fond, et j'ai sourie, fait comme si de rien n'était.
Le soir du 24, on prépare tous les bagages, on vérifie qu'il ne manque rien, on appelle le voisin et en avant.

Arrivé à la maternité, on nous installe dans une grande chambre et une sage-femme vient nous voir et nous explique le déroulement des opérations : à 23h monitoring d'une demi-heure, analyse d'urine et prise de tension, à 5h du matin monitoring et insertion du produit pour déclencher le travail.
Donc on s'installe, moi sur le lit, le Loup sur le fauteuil et on papote en attendant 23h. Ponctuelle, la sage-femme pousse la porte de la chambre. Après le pipi dans le petit pot, elle installe le monitoring et met en route la machine qui prendra ma tension. Tension à plus de 15. Une demie-heure plus tard, elle revient, m'enlève le bordel et repart, satisfaite par la puce, un peu moins par mes urines et ma tension.
On dort plus ou moins bien (surtout le Loup) et on se réveille à 4h30. Le Loup va chercher quelque chose à grignoter avant que la sage-femme ne vienne pour le monitoring.
4h45 installation du monitoring, 5h déclenchement (pas agréable du tout, un genre de truc râpeux qu'on m'insère), 5h15 premières contractions.

On m'a toujours dit que le déclenchement était toujours très douloureux. Et bien je veux bien les croire! PArce qu'en accouchement normal, quand c'est bébé qui décide, les contractions commencent doucement pour monter en puissance. Moi j'ai eu les fortes dès le début.

Après une demie-heure à gesticuler dans tous les sens, à vouloir me lever (mais je pouvais pas, j'avais encore le monitoring), on m'enlève enfin tout le barda et je saute sur mes pieds, soulagée de pouvoir marcher. Je ronds la poche des eaux (beaurk) et direction la salle d'accouchement.
Les douleurs sont atroces, j'ai la tête qui tourne et envie de vomir. Quand on me propose la péridurale, j'accepte. La douleur "m'isole" et je ne comprends pas ce qu'on attend de moi pour la péridurale. J'arrête pas de bouger et manque même de mordre une assistante à l'épaule (moi, sauvage? absolument pas!).
La péridurale enfin posée, on m'allonge et la douleur passe. Je sens toujours les contractions, mais j'arrive à les gérer. On m'installe à nouveau un monitoring (ce que ça peu être chiant à force) et on nous laisse tranquille.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi. D'autres accouchements ont lieux et la sage-femme ne revient qu'un peu plus tard. Elle est au téléphone et dit à la personne "le tracé ne me plait pas du tout. Elle tachycarde à 65". Grâce à Dr House, je sais ce que ça veut dire. Panique à bord. Qu'est-ce qu'il se passe? Est-ce que ma puce va bien? La sage-femme vient vers moi et me rassure un peu tout en me disant qu'il fallait faire vite. Euh, vite comment?

Elle met mes pieds dans les étriers (hum, super position!) et me fait un touché vaginal. Je suis à 4 cm. Mais ça va pas assez vite alors elle me fait passé à 10 cm en trois secondes et demie en me faisant pousser pendant une contraction. Elle me demande de pousser encore aux deux contractions suivante et secoue la tête. Mini-Louve ne vient pas.
Elle va chercher quelqu'un pour voir comment on fait. Et là, on voit débarqué un bonhomme d'une cinquantaine d'année, chemise à moitié ouverte, les cheveux en bataille. Euh... oui? (on a appris par la suite que c'était un gynéco qui dormait dans une salle à côté, qui n'était pas de garde et qui n'avait même pas commencer son service). En un coup d'oeil  il a vu ce qu'il se passait et il a pris les choses en mains.
Il a sortit la ventouse et la paire de ciseau (aïe), la sage-femme a installé un marche pied à côté de mon lit et en avant. J'ai donc poussé (en hurlant car la péri ne faisait plus vraiment effet) quand il me le disait. Lui était donc avec la ventouse et la sage-femme sur mon ventre à appuyer pour faire sortir la puce. Je me suis faite "engueulée" parce que je mettais plus d'énergie à hurler qu'à pousser (j'en ai même traumatisé les femmes qui attendaient leur tour dans les salles à côté). Finalement, j'ai fermé ma gueule et j'ai poussé. Et j'ai bien sentit la puce passé. Ils l'ont tout de suite prise et mise dans un drap (je n'ai vu que son dos). Le gynéco a demandé au Loup s'il voulait coupé le cordon. Il voulait pas mais le gynéco a insisté un peu et il l'a fait. Puis il est allé assister aux premiers soins pendant que j'expulsais le placenta et que le gynéco se préparait à me recoudre.

J'ai finis en larmes, aussi bien par l'épuisement que sur l'accouchement en lui-même. à regarder ma puce se faire peser et nettoyer. Le gynéco a exiger qu'on la mette sur moi pour me calmer et me "distraire" pendant qu'il me recousait.

J'ai dévoré cette puce, ce petit être, des yeux. Son regard était si beau, si pénétrant, si amoureux, comme pour dire "regarde, je suis là, c'est finis maintenant". J'étais heureuse et le Loup n'en menait pas large non plus.

Une fois recousue et les jambes redescendues, le gynéco est venue vers moi, a mit sa main sur mon épaule et m'a félicité du travail que j'avait fait et tout. ça m'a beaucoup touchée qu'il soit venue me dire ça.
On est resté les deux heures obligatoire dans la salle d'accouchement, moi pestant contre le cathéter et la lampe chauffante qui me gênait plus qu'autre chose, mon Loup à faire la navette entre dehors et ma chambre pour avertir tout le monde.

On est resté trois heures de plus dans la salle d'accouchement à attendre qu'une chambre se libère et soit préparée.

En tout et pour tout, l'accouchement aura duré une heure. Il aura été rapide et violent, limite barbare. Le Loup a géré comme un chef, me tenant l'épaule et me réconfortant.

Sur le coup, je n'ai pas réellement saisie l'ampleur de cet accouchement, mais avec le recul, je l'ai très mal vécu. Ce que j'ai aussi mal pris, c'est le déclenchement. Je ne comprends toujours pas. Mais je travail dessus, pour que je ne reste pas "traumatisée" par ça. 

Donc voilà, ma Mini-Louve est née le 25 octobre 2012 à 8h59. Elle pesait 3kg549, mesurait 48cm et est Scorpion ascendant Scorpion.

Source

8 commentaires:

  1. traumatisant, en effet :(
    j'ai déjà entendu dire que c'était plus pratique pour les médecins de déclencher. Mais j'avoue que ça me choque un peu...

    plein de courage à toi!!

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  2. je n'ai pas pu réprimer une grimace de douleur en lisant ton récit...
    Je suis nullipare, mais j'ai le sentiment qu'on t'a "volé" ton accouchement, que la sage-femme a manqué totalement d'empathie et de respect à ton égard, que tu étais traitée comme une usine à bébé. Heureusement que le médecin a eu un geste de sympathie a la fin et qu'au final, tout le monde va bien !

    N'hésite pas à en parler si ça te fait du bien,tu as vécu un sacré traumatisme alors tant pis si tu choques les gens, penses à toi d'abord avant de penser aux autres ! (et puis quand on pose la question, on prend le risque que la réponse ne nous plaise pas)

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    1. Disons que la sage-femme n'a pas eu le choix. Elle voulait m'éviter la césarienne (que je ne voulait absolument pas)pour que je puisse accoucher normalement. Pour ça je la remercie d'ailleurs.
      Après, c'est vrai qu'ils auraient pu être un peu plus "doux".
      Merci de ton soutient en tout cas!

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  3. OH pourquoi t'ont-ils fait subir cela ?! J'ai envie de pleurer ! C'est du vol et c'est plus barbare que de te laisser une chance, après tout il y a des enfants qui naissent après le terme de façon naturelle... C'est désolant !
    Je comprends ton traumatisme et ton envie de pleurer. J'espère que tu parviendras à surmonter cela grâce à Mini-Louve et à Loup. Il faut que tu en parles, que tu le fasses avec les formes ou pas, c'est pas le souci, il faut que tu laisses partir ce traumatisme. Je suis d'accord avec Cathy : penses à toi et quand on pose la question on doit s'attendre à une réponse autre que "ce fut merveilleux"... c'est pas un film là, c'est la vie.

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    1. Je pense qu'ils ont voulut être tranquilles pour le week-end...
      C'est clair que la prochaine qui me dit "la grossesse c'est merveilleux et l'accouchement un moment formidable" je lui mets mon poing dans la tronche!

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  4. Ben heureusement qu'il y avait ce gynéco parce que sinon...bouaaah ça donne froid dans le dos, c'est violent et ça manque vraiment d'humanité...en plus on ne t'a même pas présenté ton bébé tout de suite, on te l'a "enlevé" comme à l'ancienne époque. Et puis tu as été mal informée, on t'a déclenché en te donnant l'impression que c'était pour être débarrassé et c'est tout...ouais je comprends que ça t'ai traumatisée. Et ben c'est loin de ressembler à l'univers de Baby Boom (si tu as déjà regardé). C'est bien que tu en ais parlé ici, ça libère un peu, et en plus tu as un peu de réconfort des bloggeuses :-)

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  5. Si tu passes par là, tu as toute mon empathie. J'espère que tu vas mieux et que tu arrives petit à petit à composer avec ce qui s'est passé. Je te laisse ce petit mot aujourd'hui pcq je partage avec toi le fait de ne pas avoir digéré qu'une sage-femme ait fait en sorte de déclencher l'accouchement (j'étais avant terme et j'ai eu un décollement des membranes). Je n'y pensais plus trop mais j'y reviens maintenant car je viens de comprendre que tout un tas de difficultés de ma fille, 6 ans maintenant, s'enracinent dans cette naissance provoquée et ce départ un peu trop tôt de la vie intra-utérine... J'avais envie de te le dire, si jamais tu remarques que ton enfant a du mal avec les séparations, semble insatiable de calins ou au contraire très distant ou que sais-je. Bonne continuation.

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